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Afrique du Sud : Montée de la xénophobie

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Depuis plusieurs mois, l’Afrique du Sud fait face à ses propres démons. Un rapport récemment publié par l’Organisation des Nations unies (ONU) a dénoncé la montée de la xénophobie à l’égard des migrants africains, le racisme persistant dans le pays de Nelson Mandela, et les nombreux discours de haine contre les réfugiés et demandeurs d’asile propagés par certains mouvements politiques.

Des experts de l’Organisation des Nations unies ont récemment tiré la sonnette d’alarme sur la situation violente qui prévaut en Afrique du Sud. Sur la base d’une série de faits minutieusement répertoriés, ils ont rédigé un rapport dénonçant une vague importante de xénophobie dans cette partie de l’Afrique australe. Notamment depuis l’apparition soudaine sur la scène politique du mouvement Opération Dudula (« Refouler » en Zoulou) dirigé par Nhlanhla ‘Lux’ Dlamini, 35 ans. Créé dans la suite des émeutes de juillet 2021, qui ont éclaté après la condamnation par la justice de l’ancien président Jacob Zuma, ce parti exige que les commerçants n’emploient que des locaux et non des migrants venus d’autres pays africains, rendus responsables des principaux maux sociétaux sud-africains. Depuis 2019, la « Rainbow nation » de Nelson Mandela est l’objet de manifestations, qualifiées « d’Afrophobiques », visant particulièrement la communauté nigériane accusée d’alimenter les trafics en tout genre en Afrique du Sud. Avec un chômage équivalent à 35%, le mouvement a rassemblé autour de lui des milliers de personnes radicalisées qui n’ont pas hésité à incendier des auberges de jeunesse hébergeant des migrants. Les experts ont pointé du doigt une « campagne de xénophobie en cours plus large et plus profonde et qui est devenue la stratégie de campagne centrale de certains partis politiques du pays », stratégie qui a déjà coûté la vie à 60 personnes et déplacé plus de 100 000 personnes à travers tout le pays.

« Le discours anti-migrants de hauts responsables gouvernementaux a attisé les flammes de la violence, et les acteurs gouvernementaux n’ont pas réussi à empêcher de nouvelles violences ou à tenir les auteurs responsables », affirme le rapport daté de mi-juillet 2022. Pour les experts de l’ONU, le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), porte également une large responsabilité dans la recrudescence de ces violences, notant qu’une forme de discrimination à l’encontre des étrangers a été « institutionnalisée » dans la société sud-africaine. En avril 2022, le porte-parole du parti au pouvoir, Pule Mabe, s’est fendu d’une déclaration dans le quotidien Mail & Guardian qui a contraint le président Cyril Ramaphosa à démentir tout soutien du gouvernement au mouvement Opération Dudula. Le dirigeant sud-africain a déclaré qu’il n’accepterait pas des « méthodes qui rappellent ceux du régime d’Apartheid ». Affirmant que les actions d’OD était « constructives», Pule Mabe a laissé sous-entendre que l’ANC cautionnait implicitement les violences des partisans de Nhlanhla ‘Lux’ Dlamini. Ce dernier a d’ailleurs été brièvement arrêté par les autorités. « (…) Les auteurs de ces violences bénéficient d’une impunité généralisée tant dans la rhétorique que les violences xénophobes, ce qui entraîne des graves violations des droits humains et l’épanouissement de plates-formes politiques racistes et xénophobes », déplore le rapport de l’ONU. Le 5 août, après les révélations d’un viol collectif sur huit femmes orchestré par des mineurs clandestins, lors d’un tournage d’un clip vidéo à Kagiso, ce township localisé près de la ville de Krugersdorp s’est enflammé. Des groupes armés ont fait la chasse aux clandestins, pénétrant dans les maisons, avant que la police n’intervienne finalement pour sauver ces derniers d’une mort atroce. « (…) Nous sommes profondément préoccupés par le fait que le pays est au bord de l’explosion», affirment même les experts.

Ironie de l’histoire, Julius Malema, leader des Combattants pour la liberté économique (EFF), connu pour ses diatribes très agressives contre les Afrikaners, la minorité blanche d’Afrique du Sud, a été lui-même forcé de condamner les opérations menées par Opération Dudula après que le mouvement a pris pour cible un de ses cadres, accusé de vendre de la drogue à Soweto. L’ONU a exhorté les acteurs privés et publics sud-africains à honorer leurs engagements en faveur des droits de l’Homme, de l’équité raciale, et à prendre fermement position contre la violence raciste et xénophobe qui gangrène de plus en plus l’Afrique du Sud.

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