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Le Libertarianisme

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Le libertarianisme, aussi appelé libertarisme (à ne pas confondre avec libertaire), est une philosophie politique, développée aux États-Unis et dans plusieurs pays anglo-saxons. Cette philosophie repose sur l'idée qu'une société juste est une société dont les institutions respectent et protègent la liberté de chaque individu. Issue du libéralisme, elle prône au sein d'un système de propriété et de marché universel, la liberté individuelle2 en tant que droit naturel.

La liberté est ainsi conçue par le libertarianisme comme une valeur fondamentale des rapports sociaux, des échanges économiques, du système politique et par conséquent, de la démocratie. Les libertariens se fondent aussi sur l'axiome de non-agression3 qui affirme que les rapports inhérents à l'individu, sa liberté ou sa propriété découlent de la liberté consentie, conformément au droit naturel. De fait, ses partisans, les libertariens, s'opposent à l'étatisme en tant que système fondé sur la coercition, au profit d'une coopération libre et volontaire entre individus.

Si le libertarisme est mal connu en France, c’est qu’il a quelque chose de foncièrement américain. Il est parfois qualifié « de droite » pour le distinguer de l’anarchisme. L’adjectif français « libertaire » est réservé à ce dernier. Pour les libertariens, la liberté individuelle est la valeur suprême : ce n’est pas la nation, mais l’individu qui est souverain. Non seulement parce qu’il faut respecter l’autre dans son libre arbitre, mais aussi parce que la liberté de tous les individus est la précondition fondamentale pour une organisation sociale efficace et le bonheur général. Les relations entre citoyens se font sur la base du consentement mutuel : on ne commande pas, on n’infantilise pas autrui.

Les deux pendants indispensables de la liberté sont la responsabilité et la coopération mutuelle, auxquels on ajoute parfois la non-agression. Le grand ennemi, c’est l’État. La société et l’économie sont des systèmes trop complexes pour que l’État y intervienne sans empirer nos difficultés. Celles-ci ne peuvent être réglées que par les interactions spontanées entre individus libres, de même que l’économie ne peut être gérée efficacement qu’à travers le marché libre.

La foi dans le laissez-faire économique constitue une distinction fondamentale entre libertariens et anarchistes de gauche. Pour les premiers, c’est au marché et au secteur privé de fournir des solutions aux défis comme le réchauffement climatique ou la création d’un système de santé à la portée de tous. Les seules fonctions de l’État (et sa légitimité) consistent à garantir les droits des individus, s’occupant tout au plus du système judiciaire, des forces de l’ordre et de la défense.

Parmi les références intellectuelles de ce courant on trouve Ayn Rand (1905-1982), qui a fui l’Union soviétique pour les États-Unis en 1926. Ses doctrines férocement anticommunistes s’expriment le mieux dans ses romans, La Source vive, de 1943, magnifiquement adapté au cinéma par King Vidor en 1949, et La Grève, de 1957, où elle imagine une communauté secrète, Galt’s Gulch, composée d’industriels et chercheurs ne travaillant qu’au service du marché libre. L’autre pilier historique du libertarisme est l’économiste ultralibéral Murray Rothbard (1926-1995), théoricien de ce qu’il appelle l’« anarcho-capitalisme ». Mais c’est en 1974 que paraît une véritable Bible libertarienne, Anarchie : État et utopie du philosophe Robert Nozick (1938-2002). Nozick y soutient que les impôts constituent une forme de travail forcé imposé aux citoyens par le gouvernement. Ce dernier n’a aucunement le droit de redistribuer notre argent si celui-ci a été acquis par nous de manière légale. Un État providence se justifie seulement de manière temporaire pour corriger des inégalités dues à des acquisitions illégales ; il ne peut pas avoir d’existence permanente, chacun étant responsable de la gestion de ses propres ressources.

Au-delà de ces repères livresques, le grand modèle des libertariens est fourni par le mythe des premiers colons européens, ces pionniers qui se sont approprié des lopins de terre qu’ils ont cultivés en les défendant à la fois contre la nature sauvage et contre les instances gouvernementales. Un Parti libertarien est fondé en 1971. Aux élections présidentielles de 1988, son candidat, l’ex-membre de la Chambre des représentants, Ron Paul, n’a recueilli que 0,5 % des voix. Pourtant, selon différents sondages, entre 15 % et 23 % des électeurs américains partageraient des opinions libertariennes sur une large gamme de questions.

L’intuition qu’une majorité de citoyens serait favorable au libertarisme si elle en voyait les résultats pratiques a inspiré le « Projet ville libre ». Au lieu de fonder une ville nouvelle, comme les utopistes du xixe siècle, ou d’improviser une de ces « ZAD », véritables squats éphémères chers aux anarchistes écolos ou antifas, les libertariens ont décidé de « coopter » une ville existante dont les habitants étaient déjà bien disposés à l’égard de leurs idées.

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